Depuis 1904, avec la transformation d'une Panhard par le Capitaine Gentil en un véhicule de reconnaissance, les militaires furent à la recherche d'un véhicule léger, rapide, polyvalent et tout-terrains.
Il fallut cependant attendre 1940 pour voir se concrétiser le concept de VLRTT (véhicule léger de reconnaissance tout-terrains).
Le cahier des charges fixé par l'Ordnance Technical Committee est drastique :
- 4 roues motrices,
- Equipage de 3 hommes,
- 1 mitrailleuse de 30 (7.62 mm),
- Garde au sol de 16 cm,
- Poids maximum de 590 kg,
- Charge utile 272 kg.
De plus le premier prototype devait être livré en 49 jours et 69 autres exemplaires devaient être disponibles en 75 jours.
135 industriels furent contactés mais deux sociétés répondirent :
- Willys Overland Inc.
- American Bantam Co.
C'est l'ingénieur Karl K. Probst qui réalisera pour le compte d'American Bantam Co. Les plans de ce qui allait devenir la Jeep et cela dans le délai incroyable de 5 jours. L'idée étant de reprendre des pièces mécaniques déjà utilisées sur des véhicules de séries.
Du cahier des charges initial seul le critère de poids n'avait pas été respecté puisque le prototype de M. Probst atteignait 840 kg, chiffre très respectable aujourd'hui encore (pour info. la Peugeot P4, remplaçante de la Jeep dans l'Armée Française, pèse 1895 kgs).
Malheureusement pour Bantam, dont les capacités de production n'ont pas été jugées suffisantes par l'armée, les plans de la Jeep se sont retrouvés entre les mains des concurrents à savoir Willys puis Ford. Il ne restera à Bantam que la licence de fabrication des remorques.
En juillet 41, Willys commence donc la fabrication de la Jeep type MB (M pour Military et B pour indiquer qu'il s'agit du nouveau modèle, la première série de 1500 exemplaires étant siglée MA) afin de répondre à une commande de 16000 véhicules.
Incapable de tenir les délais, Willys fut rapidement épaulé par Ford avec son modèle GPW. Les deux firmes produisirent au total 639245 véhicules dont 277878 GPW.
Chronologie
27 Mai 1940 :
Etablissement du cahier des charges par l'Ordnance Technical Commitee du VLRTT (Véhicule léger de reconnaissance tout-terrain).
17 Juillet 1940 :
Karl K. Probst accepte d'étudier le projet pour le compte d'American Bantam Co. L'une des 135 sociétés contactées par l'armée.
22 Juillet 1940 :
Le projet de la Jeep est remis au centre d'essais de l'US Army. Il n'aura fallut que cinq jours à M. Probst pour réaliser les plans du véhicule.
23 Septembre 1940 :
Bantam livre son prototype à l'US Army.
11 Novembre 1940 :
Willys Overland Inc. présente à son tour un prototype nommé Quad.
Ford travaille également à un prototype.
14 Novembre 1940 :
L'armée commande 1 500 exemplaires de VLRTT à chacun des trois constructeurs.
23 Novembre 1940 :
Ford présente enfin son prototype, la Pygmy. L'armée cherche déjà à favoriser les sociétés Willys et Ford jugées plus aptes à produire en grande série.
17 Décembre 1940 :
Bantam livre à l'armée 70 exemplaires de son véhicule dénommé 40BRC dont huit à 4 roues directrices.
Malheureusement pour Bantam, l'armée préfère se tourner vers Willys qui ne s'est pas gêné pour largement copier le prototype Bantam tout en proposant un moteur beaucoup plus performant, le Go Devil.
23 Juillet 1941 :
L'armée choisi officiellement Willys pour la fabrication de la Jeep type MA pour les 1500 premiers exemplaires puis le modèle MB pour les suivants.
Bantam ne sera retenu que pour la fabrication des remorques, triste fin pour le véritable créateur de la Jeep.
10 Novembre 1941 :
Pour répondre à la demande croissante des besoins en matériel militaire, l'armée contractualise avec Ford pour la fabrication sous licence Willys de Jeeps référencées GPW (General Purpose Willys). A l'exception de quelques détails mineurs, les modèles d'origine Ford et Willys sont identiques, l'armée ayant insisté sur la standardisation des pièces.
16 Juin 1952 :
La société française Hotchkiss obtient la licence de fabrication de la Jeep.
Mais c'est une autre histoire...
Hotchkiss, qui était déjà l'unique importateur et distributeur des pièces détachées pour la MB, devient détenteur de la licence de fabrication de la CJ3A grâce à un contrat signé le 16 juin 1952.
En 1954 une première série de Jeeps sort de l'usine de Stain. Il s'agit de 70 véhicules entièrement assemblés avec des pièces d'origine US.
En 1955 commence réellement l'histoire de la jeep "française" avec la série JH101. Il s'agit d'une CJ3B à l'exception du moteur. En effet le nouveau moteur type Hurricane (semi-culbuté ce qui explique le capot rehaussé) est trop complexe et trop onéreux. On lui préfère le Go-Devil de la MB. La série JH101 s'arrête en 1960 et s'élève à 3 496 exemplaires.
Une seconde série est lancée cette même année sous la désignation JH102. Elle n'apporte pas de nouveautés majeures par rapport à la JH101 si ce n'est à partir de 1962 une motorisation diesel "usine" type Indénor 55 chevaux et à partir de 1963 un châssis long dénommé HWL.
La production de la JH102 sera de 1 134 exemplaires dont 93 diesels, elle s'arrête en 1966.
Parallèlement à la production de jeeps civiles Hotchkiss va produire, pour l'armée française entre 1957 et 1970, une version similaire à la MB sous la référence M201. Il en sera fabriqué 27 628 unités.
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