La M38CDN de Guy (M38Bill)

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Effectivement, il n'y a pas que les MB et les GPW.
Je possède deux M38CDN dont l'une qui n'a pas de carrosserie. J'ai découvert cette dernière il y a quelques années et elle m'a supplié de l'adopter... alors j'ai craqué.

 

 

Le plaisir de reconstruire nos véhicules militaires d'une autre époque, et de leur redonner leurs lustres d'antan, ne serait pas complet sans celui de partager nos expériences et nos découvertes avec les copains. De plus, mettre les mains dans leurs entrailles équivaut à se plonger dans un univers où se rejoignent passion, histoire, mécanique, ingénierie et psychanalyse. Oui, vous avez bien lu, la psychanalyse. En effet, j'essais de faire comprendre à ma conjointe, que j'adore soit disant passant, qu'une partie de mon intelligence passe par mes mains. Or, avec cet argument et un peu de rhétorique, je réussis à lui faire accepter les nombreuses heures que je consacre à ma jeep. J'espère donc que vous comprendrez dorénavant toute la valeur psychanalytique et symbolique entourant la reconstruction de nos vieux bazous.

À l'automne 2002, j'ai acquis une jeep M38CDN dans un état que l'on peut considérer d'exceptionnel compte tenu de son âge. Pour faire un peu d'histoire, la M38CDN a été produite entre 1950 et 1952 par la compagnie Ford Canada à raison de seulement 2135 unités. À titre de référence, la M38 américaine a été produite à près de 63 000 unités par la compagnie Willys Overland. Nous pouvons d'ores et déjà conclure que j'ai mis la main sur une belle pièce de collection.

Ce sont des jeeps merveilleuses, produites pour l'armée canadienne, et tous les petits problèmes mécaniques et structuraux des jeeps précédentes avaient été résolu.
Ce n'est pas pour rien qu'on la nommait à l'époque "The best of flat fenders" et on sent tout de suite sa supériorité lorsqu'on actionne l'embrayage de la boite de vitesse T90.
Le système électrique blindé 24 volts fait également partie des améliorations significatives ce qui fait en sorte que les démarrages sont rarement toussifs."

Cette jeep est dans un état exceptionnel et la carrosserie a subit très peu de dommage au cours des décennies. Alors, je vais l'utiliser telle quelle à l'été 2003 et j'entreprends sa réfection en profondeur à l'hiver 2003/2004.

Une fois la belle rendue dans sa nouvelle demeure, j'ai évidemment commencé à lui refaire une santé mécanique afin de pouvoir, ne serait-ce qu'une fois cet automne, faire une petite balade avec ma conjointe. Déjà, lorsque je l'avais essayé lors de la négociation d'achat, j'avais remarqué que le moteur «  crapahutait » quelques peu et ne donnait pas le ronronnement caractéristique du «  Go Devil » que nous reconnaissons tous. «  Bah!, une simple mise au point et le tour sera joué » me dis-je. Le changement d'huile et de filtre, ainsi que la pose de nouvelles bougies, ont donc fait partie des petits travaux routiniers que tous bons mécaniciens se doivent de faire avant d'enfourcher ce diable de petit véhicule.

Or, pendant la petite ballade d'un dimanche après-midi, le moteur donnait toujours des signes que la mise au point n'était pas adéquate. Je soupçonnais dès lors que la distribution électrique était à revoir et que probablement un bon nettoyage du carburateur s'imposait. Le lundi soir suivant, je me suis donc occupé à faire l'inventaire de mes pièces électriques 24 volts disponibles dans mon atelier de travail. Je trouvai trois bobines, un jeu de pointes, deux rotors et trois distributeurs dont deux dans un état lamentable et le troisième presque neuf. J'ouvrai le boîtier de ce dernier pour constater que les éléments internes étaient également neufs et en profitai pour ajuster le jeu de pointe à 0,020 (lire 20 millièmes en mesures impériales) tel que recommandé dans le manuel TM9-8012. J'en profitai également pour faire quelques petits tests sur la bobine d'allumage et mes questions ont, à cet effet, bien embêté mes copains jeepers. En effet, je m'interrogeais à savoir s'il y a une relation entre la résistance induite entre l'une des bornes coaxiales, la borne de surtension et la qualité de la bobine.. Je n'ai pas trouvé de réponse et cette question reste à explorer.

À la lumière des pièces que j'ai dénichées, la manouvre devenait simple; j'enlève le distributeur au complet du moteur et le remplace par celui qui est en bon état. Pour ceux qui connaissent un peu la M38, le distributeur 24 volts contient toutes les composantes de distribution (chapeau, bobine, pointes, condensateur et rotor) dans le même boîtier. Si je ne me trompe pas, la Hotchkiss M201 montée 24 volts possède également le même distributeur. Mercredi soir, je m'attaquai donc à enlever le vieil attirail ce qui fut relativement simple et rapide. Par curiosité, je décidai de reporter la pose du nouveau distributeur, question de vérifier l'état de celui que je venais de retirer. De retour à mon atelier, je démontai donc le boîtier afin d'examiner les composantes électriques internes et quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'une M38 ne demande qu'à vivre malgré son état de santé.


"Charlie" pour les intimes, photo prise cet été. Le sourire que j'affiche sur cette image résulte du commentaire que ma femme m'a lancé lors du déclic de l'appareil. Elle m'a dit " Guy, t'es probablement l'ingénieur le plus crotté de la profession "... Ha, ha, ha!!!

En effet, un cambouis composé d'huile et de carbone recouvrait tout à l'intérieur du boîtier altérant du coup la qualité des contacts entre les composantes électriques. Il faut savoir qu'un léger film d'huile peut se retrouver à l'intérieur du boîtier mais là, c'était trop! De plus, le jeu de pointes était à toute fin pratique détruit. En effet, la lame de connexion était coupée et la tension électrique ne passait que grâce à la proximité des deux arêtes.

 

Aussi, l'une des pastilles de contact était inexistante si bien que les étincelles générées parcouraient non pas une distance de 0,020 mais plutôt un bon huitième de pouce (0,32 cm). Enfin, la plaquette de cuivre du rotor était réduite de près de moitié si bien qu'il ne restait qu'environ 3 mm entre le bout de la plaquette et la bakélite. Là encore, la distance entre cette plaquette et les bornes du chapeau de distribution (toutes enduites de carbone visqueux) devait être de l'ordre du quart de pouce. Cette découverte est incroyable et je vous rappelle que le moteur fonctionnait malgré ce cafouillis électrique.

Je comprends maintenant pourquoi les autorités militaires de l'époque ont exigé à ce que ces jeeps soient montées sur un système blindé 24 volts. Selon la loi de Lenz, il faut savoir que c'est le rapport n1/n2, du nombre de spires des fils coaxiaux dans la bobine, qui déterminent la valeur de surtension. Or, en supposant un rapport n1/n2 égal à 1000 (évaluation personnelle qui doit être près de la réalité) et en tenant compte d'une alimentation primaire de 24 volts, la surtension induite à la sortie de la bobine serait de l'ordre de 24 000 volts. Il n'est donc pas surprenant de constater que les étincelles produites sautaient d'une extrémité à l'autre des composantes du distributeur, et ce, sans égards à la saleté et/ou la distance entre elles. La même relation s'applique aux systèmes électriques 6 volts des véhicules de la deuxième guerre. Pour une alimentation de 6 volts à l'entrée, la surtension induite serait donc de 6000 volts à la sortie. Alors, à moins d'installer une bobine de quelques kilos, gnan, gnan, gnan!!! ma jeep est meilleure que les vôtres, Ha, ha, ha!!!

Sérieusement, elles sont toutes belles et mécaniquement stimulantes. À cet égard, j'aimerais bien posséder un jour un CCKW 352 «  close cab » sans treuil à l'avant; mais çà, c'est une autre histoire. Je vous tiens au courant de mes prochaines découvertes.

Salutations du Canada

Guy Bordeleau alias M38Bill


La jeep GPW dans laquelle je suis le conducteur lors de la parade est celle de mon copain Marc Bélanger. À ma droite se trouve le Lt-Colonel Pierre Bruneau OMM CD qui agissait comme président d'honneur des festivités entourant la venue du contingent belge. Monsieur Bruneau est également président d'honneur de " Compagnons d'une terre à l'autre ".

Parallèlement à la M38 ci-dessus, Guy a commencé la remise à neuf de sa deuxième Jeep.
Vraiment à neuf !!! Regardez ce châssis...


Salut les collectionneurs de vieux bazous,
Voici une image de l'une de mes jeeps qui est prête pour son premier " road test ". Comme il se doit en pareil cas, la carrosserie n'est pas en place au cas où il y aurait des ajustements mécaniques à effectuer. Pour toutefois conduire ce diable de petit véhicule, il faut un minimum de confort et je vous laisse juger de l'installation. Les images des essais routiers seront envoyées le week-end prochain.

Cheers
Guy alias M38Bill

 

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